JE SUIS
MARATHONIEN. J’ai couru les 42,195km du marathon de Bruxelles en 4h01’21’’.
Pour une
fois, je commence ce compte rendu par le résultat final.
Et du coup, j’embraye sur les remerciements.
Merci à
Thierry Libert, mon coach, responsable de ma préparation qui a trouvé les mots dans les moments de doutes et
de faiblesse. Je n’aurais pas pu arriver au bout comme je l’ai fait sans cette
mise en place et sans ses conseils.
Merci à Mathieu Soyeur, mon mentor, qui m’a amené à la course à pied il y a
5ans. Sans lui, je n’aurais jamais couru un marathon.
Merci à Gaétane Thirion, ma compagne, qui a dû supporter quotidiennement ce
marathon depuis 12 semaines et qui m’a soutenu tout du long (comme à chacune de
mes aventures sportives).
Merci à Valérie Cabaraux, ma meilleure amie, pour son soutien (et les
corrections orthographiques de ce blog).
Merci à mes supporters sur le parcours : Emilie (merci pour le
marron), Alice, Gérald et Claudine,
c’est dingue comme ça m’a fait du bien de vous voir.
Merci à toutes les personnes qui m’ont encouragé via mail, sms, appel, Facebook…
Je n’ai jamais été seul grâce à vous.
Et merci à l’E.T.Enghien, mon club, que je suis fier d’avoir représenté à BXL.
Voilà,
c’est fini pour les remerciements, passons aux choses sérieuses : le
compte rendu.
Commençons
pas le commencement : Les 12 semaines de préparation. La motivation était
au rendez-vous dès le début mais une irritation de l’intestin suite à une intoxication
alimentaire rendra l’entrainement quasi impossible pendant 3 semaines et demi, sans
compter la diminution physique suite à celle-ci. Heureusement que j’avais
accumulé les longs trails en début d’année, et que les 4 dernières semaines
furent dignes du défi. Les sensations au Raid Sunny Hills et à l’Ecotrail étaient encourageantes, mais pas à la hauteur de ce que j’aurais pu espérer.
C’est là que les mots du coach font la différence et permettent de passer au-dessus
des appréhensions.
Vendredi,
passage par le Cinquantenaire et Marathon Expo pour retirer le dossard, éviter
tout stress en l’ayant à l’avance (pas comme pour l’Ecotrail). Première
surprise, je reçois un bière Faro édition spéciale avec mon maillot. Je trouve
que c’est pas sympa, parce qu’il faudra encore attendre pour la déguster .
Je fais un tour des stands et reste bloquer devant une paire de Brooks Cascadia
8 qui sortira en février 2013, je passerais un bon moment à discuter avec le
vendeur. Mon choix est fait, ça sera mes prochaines baskets de trail :p En
rentrant, je prépare mes affaires pour éviter tout oubli.
Samedi,
journée repos sans pression, objectif atteint haut la main. Vérification du sac
et de la tenue en cours de journée, tout est en ordre. A 17h, je prends la
voiture, je veux faire un repérage de la partie du parcours vers Tervuren. Ne
sachant pas à quoi m’attendre exactement, j’ai bien fait d’y aller mais par
contre, je me rends compte que ces 17kilomètres inconnus sont difficiles et la
peur augmente d’un cran. C’est l’étape qui fait que je rentre dans la bulle de
mon marathon. Le soir, j’irais encourager mon Twix (partenaire de Raid) à son
match de basket pour son annif. Mais mon corps uniquement est présent, l’esprit
est déjà dans la course. 22h30, au dodo.
Jour J,
6h du matin, debout pour petit déjeuner. Pas faim, je me sens nauséeux… le pire
est que je sais que c’est de stress. J’arriverais à avaler 2 tartines et 1
yaourt. Ensuite, attendre que le temps passe jusque l’heure de m’habiller et
partir… Le temps est long. 7h45, en tenue et ready, je pars vers le métro. Au
fur et à mesure que les stations passent, de plus en plus de coureurs montent.
Je me dis que je ne suis pas le seul à ne plus tenir en place et à vouloir y
aller. J’arrive sur place bien à l’avance vu qu’il est à peine 8h10. Je fais un
tour, prends une photo, regarde les tenues des gens (avec leurs sacs poubelle
ou combinaisons de peinture pour se garder au chaud avant le départ). Je me
dirige vers le vestiaire (une tente pas loin du départ), j’ai l’impression d’entrer
dans une cathédrale. Personne ne parle, la concentration est palpable dans
l’air. C’est vraiment impressionnant et l’ambiance idéale pour se préparer tout
en restant dans sa bulle. Je porte mon sac au camion de transport dans ma tenue
de course recouvert d’une magnifique bâche plastique. Je m’éloigne du départ
pour allumer ma montre, vérifier que c’est en ordre, relacer mes chaussures 3
fois chacune. 8h50, je rentre dans le box 3h59… j’aurais dû aller dans celui
3h45 mais je ne veux pas me mettre la pression. Les 10 minutes avant le départ
sont longues, très longues.
9h,
c’est parti. 2 ou 3 minutes à marcher jusqu’au tapis de départ et on s’en va
réellement. Allé, 42,195km et elle est faite. Parc du Cinquantenaire, je prends
mon rythme. Descente rue de la Loi, je ne m’emballe pas. Montée rue de la Loi,
je descends le rythme, pulsations nickel. Arrivé en haut, un gars m’appelle,
c’est un pote à Thierry que j’ai croisé au Laerbeek. On échange quelques mots
dont des commentaires sur le ballon 3h59’ qui trace bien au-dessus de l’allure
pour cela. Il vise moins de 4h également. On fera 1km ensemble et je le
laisserais partir pour rester dans mon rythme (on est déjà au palais de
justice).
Arrivent
les tunnels, 3 à passer. A la sortie de celui de Bailli, Emilie m’attend pour
m’encourager. J’ai même droit un marron porte bonheur, il fera la course avec
moi dans la poche arrière de mon short. Ça fait du bien des encouragements
aussi tôt. Les tunnels sont passés nickel, le cardio toujours dans le vert,
parfait. Avenue Louise, tout droit jusqu’au premier ravitaillement.
Petite
boucle dans le bois de la Cambre (je retombe sur le pote à Thierry au début de
celui-ci qui revient d’une pause pipi), on s’encourage et ça repart. Sortie du
bois, 10km de fait (58’17’’). Tout va bien. Avenue Franklin Roosevelt, ça monte
et ça descend, rien de bien méchant sauf que j’ai envie de faire pipi… j’y ai
pourtant été avant de partir (2 fois). Chaussée de la Hulpe, je m’arrête, ça
presse trop. Je me dis que c’est pas les 45 secondes que je perds là qui
changeront quelque chose (erreur, mais je n’aurais pas été au bout sans
faire pipi de tout façon). Ça va mieux, je repars de plus belle.
Boulevard
du Souverain, ça tourne. Le rythme est bon, le cardio aussi. Pour l’instant, on
peut dire que tout roule. Mais cette partie, je la connais par cœur. Ca fait
des années que je participe au semi et aux 20km de Bruxelles, c’est du connu et
du bien connu. Il est donc très facile de gérer avec les bonnes constantes.
Arrive
le bout du boulevard du Souverain, et le début réel de la course. 18km de fait,
on tourne à droite vers Tervuren et c’est parti pour les 17km que j’ai repéré
la veille. Et d’entrée, on monte. 2km de côte qui pour moi paraissent plus durs
que l’avenue de Tervuren. Je m’accroche, adapte mon rythme à la pente, reste
attentif au cardio et ça passe. 2km plus loin ça descend, enfin. J’aurais eu
l’occasion de croiser les 2 premiers qui descendaient dans l’autre sens.
Passage
à mi-parcours, le chrono annonce 2h02’22’ quand je passe… avec la correction, 2h00’29’’ pour la
première partie. Pas mal surtout que je me sens bien (même si les jambes
commencent à sentir les kilomètres). On passe les 4 bras de Tervuren et on
continue sur une longue ligne droite de 5km, de l’autre côté du terreplein, les
participants plus rapides sont déjà sur le retour. Ces 5km se feront avec une
côte que j’aurais un peu de mal à gérer. Mon cardio dépasse les 140 pulsations
et j’ai du mal à descendre ma vitesse pour le faire baisser. On tourne en suite
droite gauche pour aller faire un tour des étangs dans le parc de Tervuren.
25km de fait, je sais que c’est là que tout va se jouer. Je dois aller jusqu’au
32 (après la côte du retour) sans craquer pour finir sans souci.
Le tour
des étangs est un peu difficile à gérer, les jambes commencent à tirer, surtout
les cuisses. Le cardio est moins stable et j’ai un peu de mal à le garder sous
140bpm. J’en fini avec le tour des étangs, remonte une côte courte mais raide
pour enfin reprendre les 5km dans l’autre sens. J’ai un sourire en me
disant « ça y est, t’es sur le retour ». Kilomètre 28, je
rattrape Stéphane (coach JCPMF avec moi au bois de la Cambre), il est victime
de crampes qu’il n’arrive pas à faire partir. Il m’accompagnera jusqu’au poste
de secours suivant.
Passage
au 30ème kilomètre, 2h52’42’’. C’est parti pour 2km de côte. Si ça passe, c’est
parti pour la gloire car ensuite, descente jusque l’avenue de Tervuren. Cette
perspective m’encourage. Je choppe un rythme qui me convient, j’oublie les
pulsations car je n’arrive pas à les contenir, je monte donc aux sensations.
Les gens commencent à marcher devant moi, pas question de céder maintenant. Je
m’accroche et arrive en haut. Nouvelle victoire mentale sur mes jambes. Je souffre
mais je peux toujours avancer.
On
repasse les 4 bras de Tervuren dans l’autre sens, série de virages gauche
droite, puis enfin la descente. J’ai un peu de mal à relancer en début de
celle-ci, mon corps demande à ce que je ralentisse mais je refuse de l’écouter.
J’ai surtout le bide en vrac, le AA drink lemon ne me réussit pas trop. Je n’ai
plus rien de solide à la ceinture, j’oublie les gels de peur de la réaction de
mon estomac, je devrais donc finir comme ça. Je viens de tourner les kilomètres
précédents proche des 6’/km, il faut relancer. Je passe le panneau 35km, je
suis de nouveau à 5’20’’/km. L’avenue de Tervuren approche, je la sens, des
supporters m’y attendent, ça va le faire.
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Avenue de Tervuren |
Dès les
premiers mètres, je suis dedans, je me mets à 6’/km, rythme que je ne
quitterais pas. Je vois Claudine et Gérald qui m’encouragent, c’est ensuite
Alice un peu plus loin. Y a rien à faire, ça met la banane. Je m’accroche, je
sais qu’après cette côte, je fonce vers la fin. Je dépasse des tas de gens. Et
oui, on a rejoint le semi-marathon et les personnes que je double se dirigent
vers 2h30 de course. Autant dire que leurs rythmes dans cette côte est loin du
mien, ça m’aide encore plus à monter. A peine le temps de réaliser que je suis
en haut.
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Beacoup marchent autour de moi... |
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Avec le sourire ;) |
Au loin,
les arches du Cinquantenaire. Je relance à 5’40’’/km jusqu’au passage sous
l’arche. Reste la remontée de l’avenue de la Loi. J’ai les cuisses à la limite
de la rupture mais elles peuvent encore tenir.
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Avant la rue de la loi |
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Après la rue de la loi |
Juste
avant la montée, un participant du marathon m’annonce qu’on peut encore arriver
sous les 4h. Pour la première fois de la course, je mets ma montre en fonction
temps écoulé. Effectivement, si je me donne, c’est encore possible. J’accélère
donc dans la montée de la rue de la Loi. Arrivé en haut, j’accélère encore. Je
monte à 4’/km. Il ne reste presque plus de temps, à peine 3 minutes. De plus en
plus de monde au ralenti sur le parcours, je slalome… je ne sais même pas si
mes jambes vont arriver au bout. Juste tout donner pour le temps. Mais plus
j’avance, plus je me rends compte que ça ne sera pas possible surtout que je
dois ralentir, il y a trop de monde. Je ne voudrais pas tomber et encore moins
faire tomber quelqu’un si près du but. Je me résigne non sans mal. Je suis sur
la Grand Place, je passe la ligne, j’arrête mon chrono et manque de
m’effondrer. Ca y est, j’ai fait mon premier marathon…
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Au bout du bout... |
Il y
avait 2131 inscrits, 1793 partants et 1709 finishers.
Le premier, Mutai Joash, boucle le tout
en 2h16’41’’ (3’15’’/km – 18,52km/h)
Mes résultats :
Au 10ème km : 1186ème – 58’17’’ (5’50’’/km –
10,30km/h)
Au 21ème km : 1249ème – 2h00’29’’ (5’43’’/km –
10,51km/h)
Au 30ème km : 1246ème – 2h52’42’’ (5’46’’/km –
10,42km/h)
A l’arrivée : 1089ème – 4h01’21’’ (5’44’’/km – 10,49km/h)
On peut dire que j’ai été régulier et suffisamment frais sur la fin que pour
aller reprendre du monde.
Que dire
de plus ? J’aurais pu faire moins de 4h, mais pour le même prix, j’aurais
pu ne pas terminer. Je fini avec la possibilité de presque sprinter mais si
j’avais mis cette énergie avant, aurais-je fini ? La difficulté du
parcours (les 17km aller-retour vers Tervuren) m’ont vraiment surpris. Ce n’est
pas un des marathons les plus dur d’Europe pour rien. Je n’ai pas rencontré le
mur, je n’ai pas marché, je n’ai pas eu de crampes, pas de blessures… bref, ça
c’est quand même bien passé. Le faire au cardio et s’y tenir sur les 30
premiers kilomètres étaient vraiment l’idéal je pense (même si c’est dur pour
quelqu’un comme moi qui n’a pas l’habitude de ça).
Ça a surtout
été une aventure formidable, des moments où les émotions prennent le pas sur le
reste (plusieurs fois les larmes aux yeux quand c’était dur). C’est le mental
qui court le marathon. C’est les pensées positives, les bonnes ondes des
autres, les encouragements qui font que c’est possible boucler ça. Autant ma
préparation a été un enfer, autant la course l’a été moins. Même si c’était
dur, j’ai pris du plaisir, apprécié chaque détail. L’année prochaine, je ferais
mieux, que ça soit à Bruxelles ou ailleurs.
J’arrête
là… le reste, je le garde pour moi. Je suis marathonien, ces mots sont lourds
de sens pour moi… il y a un avant marathon, maintenant, c’est l’après marathon
et je ne serais plus jamais le même coureur.
Encore
merci à tous.