samedi 27 juillet 2013

Trail des 2 Lacs (La Plagne [FR] – 27/07/2013)


Tout ça a commencé à l’EcoTrail de Bruxelles où j’ai gagné une semaine d’hébergement à la Plagne pour l’été 2013 en remplissant l’enquête de satisfaction sur la course. Dans le joli dossier que j’ai reçu de la part de la Maison du Tourisme de la Plagne, il y avait une pub pour la 6000D et le trail des 2 Lacs. Vous imaginez qu’il n’aura pas fallu longtemps pour que je craque et me décide à planifier mon séjour en concordance avec cette course. En en parlant avec Thierry, j’ai quand même décidé d’être raisonnable et de ne m’inscrire qu’à la petite course : le trail des 2 Lacs (22km, 1100D+). Et heureusement…

Entre temps, j’ai été opéré des sinus. L’opération initialement prévue début mai s’est retrouvée déplacée mi-juin. Un mois de convalescence. Résultat des courses : reprise des entraînements à peine 2 semaines avant la date fatidique, soit à peine 5 sorties et un maximum de 12km. Bref, juste complètement dingue de m’attaquer à la montagne dans ces conditions. Mais avec une barrière horaire de 4h30, après avoir pas mal discuté avec d’autres coureurs plus expérimentés, après pas mal de doutes, j’ai tout de même décidé de me lancer dans l’aventure.

Après un petit séjour en Normandie, je traverse la France pour me rendre à la Plagne, soit 12h de voiture la veille de la course (merci à la Maison du Tourisme de m’avoir permis d’arriver la veille et non de samedi à samedi comme prévu initialement). Je récupère mon dossard à Aime (le village au pied de la montagne d’où partira la 6000D le lendemain) et directement, je sais où je suis, une organisation sérieuse et un public pointu.

Le trail des 2 Lacs, c’est une montée de 9km partant de 1900m d’altitude et se finissant à presque 2700 au sommet de la roche de Moi, une descente de 5km, une montée plus petite de 4km et la descente finale. Ce qui m’inquiète le plus, c’est la seconde montée.

Je suis logé à 2km au-dessus du départ, j’y descends aux alentours de 8h, le start étant à 8h30. L’ambiance est bonne enfant mais les pointures s’échauffent et la pression monte. Les dernières consignes sont données par le présentateur. Je rentre dans la zone de départ, trop tard pour faire marche arrière.

On est lâché pour une petite boucle de 400m à plat avant de monter, et dès les premiers mètres je ressens le manque d’oxygène, c’est rude… heureusement, la première montée arrive vite et j’alterne dans la première partie marche et course. C’est un joli serpent presque single track qui durera 2km, j’arrive à trouver mon souffle et je me mets en route en mode « ça va ».

Viens ensuite une partie un peu plus roulante qui nous fait passer à côté d’une fromagerie. Un peu plus loin, on est rejoint par les copains de la 6000D. Ils ont 2h30 de plus que nous dans les jambes, je suis impressionné de me faire dépasser si facilement par certains. Les paysages sont magiques et c’est impressionnant de voir cette file de personnes devant et derrière moi, on n’est pas loin de 2000 sur ces 2 courses.
On monte ensuite une partie herbeuse pour se retrouver à contourner un lac dans une montée fort technique avec beaucoup de pierres. 7ème kilomètres, apparait au loin le sommet de la roche de Mio, fin de la première côte et elle me parait bien loin.

On traverse une grande pleine, toujours en montant pour attaquer les 2 derniers lacets qui sont vraiment raides. J’attrape de la neige (oui, il en reste) et je me la mets sur la tête histoire de rafraichir cette dernière
partie qui se fera au pas. Je ne vous en ai pas encore parlé, mais il fait chaud pour la montagne : moyenne à 22°C et pointe à 27 dans la seconde côte.

Je passe les 9km, le sommet au bout, je vois Gaétane qui m’attend et m’encourage. Arrivé à sa hauteur, je passe le premier check point, je lui fais un bilan de ce qui va et ne va pas (bilan assez positif au final) et je repars pour la descente. Ca fait du bien de courir et surtout : quelle vue !

Un peu avant le 12ème, ravitaillement, j’en profite pour m’arrêter, manger et boire à ma soif. On se sépare de la 6000D qui part faire un tour sur le glacier (où la neige est présente en abondance). C’est parti pour les 2 derniers kilomètres de la première descente. C’est un peu plus rude de descendre après la pause.

2 petits kilomètres de transition plus ou moins plats, on traverse un petit torrent et j’apprends que la seconde montée sera plus technique, ce qui ne me rassure pas. Mais jusque-là, ça va, et je continue à faire des photos (c’est bien la première fois que je fais cela en trail mais c’est tellement beau que je ne peux m’en empêcher alors que j’avais prévu l’appareil pour les 2 sommets). Pendant ces 2 kilomètres, je me suis fait doubler par les 3 premières dans de la 6000D, vraiment impressionnant de voir ces petits bouts de femmes courir la montagne avec une telle aisance, chapeau mesdames (et chapeau à toutes les femmes qui courent sur trail, vous êtes mes héroïnes).

Surprise avant la 2ème et dernière côte : un ravitaillement liquide a été ajouté par les organisateurs en raison de la chaleur, bonne initiative qui fait plaisir. Et c’est parti pour monter à nouveau. Le dénivelé est bien moindre, mais que c’est douloureux. La première partie passe, je m’arrête au lac pour me rafraichir le visage, il doit rester un gros kilomètre et je me demande comment je vais arriver en haut. La seconde partie de l’ascension est technique, je suis obligé de m’arrêter plusieurs fois. Des gens me dépassent en m’encourageant, c’est beau le trail. 18ème kilomètre, le sommet, les 50 derniers mètres ont été juste à la limite de mon corps, mais je suis en haut. Je passe le point de contrôle et je m’arrête pour reprendre mon souffle.

C’est parti pour 3 kilomètres de descente vers la fin de cette course. Mais je n’ai plus rien, plus de jus, plus de force, le mental est en berne, je suis obligé de marcher plusieurs fois dans la descente. Des larmes sont prêtes à exploser mais je les contiens. Heureusement, les encouragements des spectateurs sont de plus en plus nombreux, ça permet de continuer, le mental revient. Je suis à Belle Plagne, je vois le studio qui m’héberge et je sais qu’il reste un petit kilomètre.

C’est dur, les émotions se bousculent, le corps est au point de rupture, j’entends la voix du présentateur qui se rapproche… Dans ma tête « Tu vas le faire, tu vas le faire ». J’aperçois la ligne, un peu trouble car ma vision n’est plus ce qu’elle doit être… J’entends le présentateur qui annonce mon dossard et mon prénom, ça y est, je suis au bout, je passe la ligne… J’ai fini mon premier trail de montagne.


J’en ai des frissons en écrivant ce compte rendu, quelle aventure…

495ème en 3h38’16’’ sur 612 participants (593 classés).



Je reçois un t-shirt Asics en souvenir. Gaétane m’apporte à boire et heureusement car je suis un peu désorienté. Le ravitaillement fait du bien. Je vois les coureurs de la 6000D qui passent et ont encore 17km de descente à faire, impressionnant.


Tout d’abord, quelle organisation. On est chez des pros mais avec un aspect humain, c’était parfait. Les bénévoles sympathiques, des spectateurs au top, un parcours juste magique, une expérience hors du commun.

Je ne sais pas trop comment j’ai réussi à finir cette course vu ma préparation, mais une chose est sûre : je reviendrai en montagne avec la même humilité face à sa majesté et avec un respect encore plus grand.

Bravo à Stany Minckwitz qui boucle la 6000D en 10h33’17’’ (481ème sur 1207 partants).

Il est peut-être un peu tôt, mais je pense déjà à revenir l’année prochaine et pourquoi pas pour la 6000D.

Le site de la course : www.la6000d.com

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